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Viticulture biologique : un tournant essentiel pour l’avenir des vignobles français ?

La viticulture en France est une tradition profondément ancrée qui remonte à l’Antiquité, faisant du pays l’un des leaders mondiaux en termes de production viticole. Avec une superficie de près de 800 000 hectares dédiés à la culture de la vigne, la France est célèbre pour sa diversité de terroirs et de climats, offrant une gamme étendue de vins reconnus pour leur qualité et leur caractère unique. Des célèbres vignobles de Bordeaux et de Bourgogne jusqu’aux charmantes routes des vins en Alsace et dans la vallée de la Loire, chaque région viticole contribue à l’identité culturelle et économique du pays. Cette richesse se manifeste dans les variétés de raisins cultivées, les techniques de vinification employées et les appellations contrôlées. En dépit des défis modernes tels que le changement climatique et la gestion durable des ressources, la viticulture française continue d’évoluer en se tournant de plus en plus vers une viticulture biologique.
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Sommaire

En 2023, les surfaces de vignes biologiques en France ont atteint 171 265 hectares, dont 77 % sont certifiées et 23 % en conversion (source). Cette progression reflète un engagement croissant des vignerons envers des méthodes de production respectueuses de l’environnement et une réponse à la demande accrue pour des produits sains. Par ailleurs, les ventes de vin bio ont connu une croissance de 9,2 % en 2023, malgré une baisse globale de la consommation de vin (source). Ces chiffres démontrent que le marché du vin bio est en pleine expansion, tant en France qu’à l’exportation, où les produits français sont particulièrement prisés.

La montée en puissance des pratiques durables est également portée par des consommateurs de plus en plus soucieux de leur santé et de l’impact écologique de leurs choix alimentaires (source). En effet, 54 % des Européens citent le respect de l’environnement comme la principale raison de leur préférence pour le vin bio (source). Enfin, le marché export des vins biologiques français continue de croître, soutenant le dynamisme de ce secteur en pleine mutation (source).

Panorama de la viticulture en France

La viticulture française se distingue par son ampleur et sa diversité, reflétant d’un héritage riche :

  • Étendue du vignoble : Avec environ 800 000 hectares dédiés à la viticulture, la France détient la deuxième plus grande surface viticole du monde, témoignant de l’importance de la viticulture dans le paysage agricole national.
  • Production leader : En 2023, la France à consolidé sa position de leader mondial en devenant le premier producteur de vin, avec une production de 45,8 millions d’hectolitres, reflétant son excellence et sa capacité d’adaptation aux demandes du marché global.
  • Diversité des cépages : Plus de 210 cépages sont cultivés à travers le territoire, bien que dix d’entre eux couvrent plus de 70% de la surface plantée, illustrant une préférence pour certaines variétés qui ont historiquement bien réussi dans les terroirs français.
  • Viticulture biologique : En 2023, les surfaces de vignes bio ont atteint 171 265 hectares, soit 21,7% du vignoble français. Cette augmentation significative témoigne de l’évolution vers des méthodes de production plus écologiques et durables en réponse aux nouvelles attentes des consommateurs et des enjeux environnementaux.
  • Projection pour 2024 : La récolte pour l’année 2024 est estimée à 37,5 millions d’hectolitres, marquant une baisse significative de 22% par rapport à l’année précédente et de 15% par rapport à la moyenne 2019/2023. Cette diminution pourrait refléter des défis climatiques ou d’autres facteurs impactant la production. (source : agreste)

Face aux fluctuations de production et aux attentes croissantes en matière de durabilité, la viticulture française démontre une résilience remarquable. Ces évolutions témoignent d’un secteur en pleine mutation, à la recherche d’équilibres entre tradition, innovation et préservation de l’environnement.

Quels sont les enjeux et problématiques de la viticulture en France ?

Sol craquelé par la sécheresse au pied de vignes, illustrant les impacts du stress hydrique sur les cultures viticoles.

Les changements climatiques

Le réchauffement climatique exerce une pression croissante sur la viticulture, modifiant profondément les cycles naturels de la vigne. L’augmentation des températures provoque une maturation plus précoce des raisins, ce qui peut affecter l’équilibre aromatique et la qualité des vins. Parallèlement, les variations irrégulières des précipitations compliquent la gestion hydrique, rendant lirrigation plus imprévisible et parfois insuffisante. À cela s’ajoutent des événements climatiques extrêmes, tels que :

  • des gelées tardives détruisant les jeunes bourgeons,
  • des sécheresses prolongées, entraînant du stress hydrique et affectant la qualité des raisins.
  • Des vagues de chaleur et des épisodes de grêle endommageant les feuilles et les grappes.

Ces conditions de plus en plus fréquentes menacent directement les rendements et la santé des vignobles en perturbant les périodes de débourrement, de floraison et de maturité. Les changements climatiques amplifient également les pressions exercées par les maladies et ravageurs, en créant des conditions favorables à leur prolifération et en fragilisant les défenses naturelles des vignes.

Les maladies et ravageurs

Les vignes sont confrontées à de nombreuses maladies et ravageurs, qui représentent des défis majeurs pour les viticulteurs. Parmi les maladies cryptogamiques, le mildiou et l’oïdium sont les plus répandues. Ces champignons attaquent les feuilles et les grappes, réduisant la photosynthèse et affectant directement les rendements. La pourriture grise (Botrytis cinerea), quant à elle, prolifère dans des conditions d’humidité élevée, détruisant les raisins et impactant la qualité des récoltes.

Les maladies du bois, telles que l’esca, l’eutypiose et le black dead arm, causent un dépérissement progressif des ceps, compromettant la pérennité des vignobles. Ces pathologies, difficiles à contrôler, nécessitent des stratégies de gestion à long terme.

Du côté des ravageurs, le phylloxéra, bien que maîtrisé grâce à l’utilisation de porte-greffes résistants, reste une menace latente. Les cicadelles, notamment Scaphoideus titanus, sont également redoutées car elles véhiculent la flavescence dorée, une maladie grave et incurable pouvant décimer des parcelles entières.

Pour préserver la santé des vignobles face à ces risques, les viticulteurs doivent adopter des pratiques préventives et des outils de gestion adaptés, tout en veillant à limiter l’impact environnemental des interventions.

Comment limiter l'impact des changements climatiques sur les cultures viticoles ?

Adapter les pratiques culturales

1- Optimiser l'efeuillage de la vigne

L’effeuillage, lorsqu’il est raisonné, joue un rôle essentiel dans l’adaptation de la vigne aux conditions climatiques changeantes. Avec la hausse des températures, un effeuillage moins intensif devient une stratégie pour protéger les grappes :

  • Réduction de l’échaudage : En conservant une partie des feuilles, les grappes bénéficient d’une ombre naturelle qui les protège des rayons solaires directs. Cette approche peut réduire la température des raisins jusqu’à 10°C, limitant les risques de brûlures et d’altération de la qualité.
  • Gestion hydrique : Maintenir davantage de feuillage réduit l’évaporation du sol et l’évapotranspiration de la plante, contribuant à une meilleure conservation de l’eau dans des conditions de stress hydrique.
  • Préservation de la qualité des raisins : Un effeuillage modéré permet de préserver l’acidité et la fraîcheur aromatique des raisins, souvent mises en danger par une exposition excessive au soleil.

Cette optimisation, loin d’être systématique, doit être ajustée en fonction de l’exposition des parcelles, du risque de maladies et des objectifs de production. Elle s’inscrit dans une stratégie globale d’adaptation durable aux défis climatiques.

2- Les couverts végétaux et l'enherbement

Les couverts végétaux et l’enherbement peuvent aider l’adaptation des vignobles au changement climatique. Ces pratiques offrent de nombreux avantages pour améliorer la durabilité et résister aux aléas climatiques :

  • Protection contre l’érosion : Les plantes couvrant le sol limitent les phénomènes de ruissellement et d’érosion causés par les pluies intenses et le vent.
  • Amélioration de la rétention d’eau : Elles augmentent la capacité du sol à retenir l’humidité, essentielle face aux sécheresses fréquentes.
  • Régulation de la température du sol : L’enherbement aide à maintenir un sol plus frais, protégeant les raisins des excès de chaleur, notamment pendant les canicules.

  • Stockage du carbone et fixation de l’azote : Les couverts végétaux enrichissent le sol en matière organique et, lorsqu’ils incluent des légumineuses, fixent l’azote de l’air, réduisant ainsi les besoins en engrais chimiques.
  • Favorisation de la biodiversité : Ils attirent les insectes pollinisateurs et les auxiliaires de culture, contribuant à un écosystème équilibré et résilient.

3- L'agroforesterie

L’agroforesterie, et plus spécifiquement la vitiforesterie, s’impose comme une solution innovante et durable pour adapter les vignobles au changement climatique. Ses avantages sont nombreux :

  • Création d’un microclimat : Les arbres réduisent les températures de l’air jusqu’à 3 °C autour des vignes, diminuant le stress thermique et les effets des canicules sur la maturation des raisins.
  • Régulation de l’eau et protection des sols : Ils améliorent la capacité du sol à retenir l’eau, ralentissent le ruissellement et limitent l’érosion, assurant la préservation des terres fertiles.
  • Amélioration de la biodiversité : En créant des habitats pour les insectes, oiseaux et autres auxiliaires, l’agroforesterie favorise la biodiversité et réduit la dépendance aux pesticides chimiques.
  • Séquestration du carbone : Les systèmes agroforestiers capturent le CO₂, contribuant à la lutte contre le changement climatique grâce au stockage du carbone dans la biomasse et le sol.
  • Protection contre les aléas climatiques : Les haies et les arbres agissent comme des barrières contre le vent, le gel et la chaleur extrême, créant un environnement plus stable pour les vignes.

La vitiforesterie combine résilience climatique et amélioration écologique, offrant aux vignerons une stratégie durable pour pérenniser leurs vignobles tout en réduisant leur empreinte environnementale.

Biostimulation de la vigne

La biostimulation offre une approche innovante pour les viticulteurs qui cherchent à conjuguer résilience, durabilité et qualité face aux défis du changement climatique et des pressions sanitaires. Grâce à des formulations naturelles enrichies en composés actifs comme les extraits de lombricompost, les biostimulants agissent sur l’ensemble du cycle de la vigne en stimulant ses processus physiologiques clés.

1- Soutien aux stades critiques de développement

La floraison et la véraison sont des phases décisives pour la production viticole. Les stress abiotiques (températures élevées, déficit hydrique, vent) peuvent perturber ces stades essentiels. Les biostimulants foliaires, appliqués à des moments stratégiques tels que les boutons floraux séparés ou la fermeture des grappes, favorisent :

  • La photosynthèse active : En stimulant l’assimilation de l’azote, les biostimulants assurent un bon déroulement de la floraison et limitent les pertes liées aux conditions défavorables.
  • La synthèse des anthocyanes et des sucres : En période de véraison, ils améliorent la qualité aromatique et la concentration en sucres des raisins, assurant un profil optimal pour les vins.
  • La mise en réserve des nutriments : Après les vendanges, les biostimulants favorisent la restauration des réserves glucidiques dans les organes de stockage (tissus ligneux et racinaires), préparant ainsi les vignes pour l’année suivante.

2- Renforcement de la résistence au stress hydrique et thermique

Face à la multiplication des sécheresses et des vagues de chaleur, les biostimulants améliorent la capacité d’adaptation des vignes :

  • Amélioration de la rétention d’eau : En enrichissant la structure du sol, ils optimisent la rétention hydrique, réduisant ainsi les effets du stress hydrique sur la vigne.
  • Stimulation de la croissance racinaire : Des racines plus profondes permettent aux vignes d’accéder à des ressources en eau plus éloignées, renforçant leur résilience en période de déficit hydrique.
  • Protection contre les températures élevées : Les composés actifs limitent les dommages oxydatifs causés par la chaleur et favorisent la régulation thermique de la plante.

3- Activation des défenses naturelles

Les maladies cryptogamiques comme le mildiou, l’oïdium ou la pourriture grise et les ravageurs fragilisent les vignobles. Les biostimulants agissent comme des inducteurs de résistance :

  • Activation des mécanismes de défense : En renforçant les réponses naturelles des vignes, ils limitent l’impact des champignons pathogènes et réduisent les pertes de rendement.
  • Amélioration de la biodiversité microbienne : En stimulant l’activité des micro-organismes bénéfiques dans les sols, ils contribuent à l’équilibre écologique des parcelles et limitent le développement des agents pathogènes.

5. Une solution durable pour une viticulture d’avenir

En agissant sur la santé globale des sols, la résilience climatique et la qualité de la production, la biostimulation s’inscrit dans une stratégie globale de viticulture durable. Elle permet de :

  • Réduire la dépendance aux intrants chimiques,
  • Préserver les écosystèmes viticoles,
  • Sécuriser les rendements dans des conditions climatiques changeantes.
  • Améliorer la qualité des raisins.

Les biostimulants constituent ainsi un levier puissant pour aider les viticulteurs à faire face aux défis actuels tout en préparant leurs vignobles aux enjeux de demain.

La viticulture biologique est-elle l’avenir du vin en France ?

La viticulture française, forte de son histoire et de sa diversité, se trouve aujourd’hui à un tournant décisif. Confrontée aux défis du changement climatique et aux attentes croissantes des consommateurs pour des pratiques respectueuses de l’environnement, elle répond par l’innovation et la durabilité. L’essor des vignobles biologiques et des solutions comme la biostimulation illustre cette volonté de conjuguer tradition et modernité.

Alors que les vins bio continuent de séduire en France et à l’international, la transition vers des pratiques durables apparaît comme une nécessité, mais aussi comme une opportunité de redéfinir l’avenir du secteur. En investissant dans des technologies novatrices et en valorisant ses terroirs uniques, la viticulture française peut non seulement préserver son leadership mondial, mais également s’imposer comme un modèle de résilience et de responsabilité.

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