La commune d’Alizay, située dans l’Eure, incarne un véritable exemple de transition écologique. Forte de ses 1 604 habitants, elle a mis en place depuis plusieurs années une stratégie ambitieuse alliant alimentation durable, gestion des déchets et solidarité.
Une cantine scolaire 100 % bio
En 2018, Alizay a choisi de remunicipaliser sa restauration scolaire, une décision qui a permis, quelques années plus tard, d’atteindre un nouvel objectif : le passage au 100 % bio en 2024. .
Patrick Robert, directeur des services techniques, explique : « L’équipe municipale a choisi de remunicipaliser la restauration scolaire afin d’apporter de l’intérêt à l’équipe de restauration et également d’apporter une cuisine saine et locale aux enfants de l’école. »

Pour maintenir un coût constant malgré l’introduction du bio, l’équipe municipale a mis en place des micro-bonnes pratiques en cuisine :
- cuisson minute,
- suivi des restes alimentaires grâce à une table de tri
- et l’ajustement précis des commandes.
Résultat : un repas bio à 2,20 € en moyenne, sans surcoût pour les familles.
« On est capable très facilement d’ajuster ce qu’on donne à manger aux enfants. Cela nous a permis de passer de 20 % à 100 % de bio sans augmenter les coûts », précise Cédric Forcadel, directeur général des services.
En parallèle, la commune a instauré une tarification solidaire allant de la gratuité à 3,90 € selon les revenus, garantissant un accès équitable aux repas sains pour tous les enfants.
Une vision écologique intégrée et sociale
Pour Cédric Forcadel, la transition écologique doit s’accompagner d’une dimension sociale forte : « L’écologie sans lutte de classes, c’est du jardinage. Notre objectif, c’est de rendre l’accès au bio et à des pratiques respectueuses de l’environnement possible pour tous, indépendamment du niveau de revenu. »

Cette approche rejoint les recommandations de l’ADEME qui souligne l’importance de l’accessibilité sociale de la transition écologique afin de mobiliser l’ensemble de la population. Elle s’inscrit également dans une dynamique nationale : selon un rapport de l’Agence Bio, 68 % des français souhaitent des produits bio dans les écoles pour leurs enfants (Agence Bio).
Un projet ambitieux : la ferme municipale
La prochaine étape de la démarche écologique d’Alizay est la mise en place d’une ferme municipale en cœur de village (1,2 hectare). Cette infrastructure permettra de produire sur place une partie des fruits et légumes destinés à la restauration scolaire, tout en ouvrant des espaces de maraîchage aux habitants. L’objectif est double : garantir des repas sains et locaux aux enfants et favoriser une éducation populaire en redonnant aux citoyens des outils pour cultiver et transformer leurs propres produits. « On produira sur place, on consommera sur place. Grâce au lombricomposteur, on fournira une terre fertile pour la ferme municipale », explique Cédric Forcadel.
Cette démarche illustre une volonté d’aller au-delà des obligations de la loi EGAlim, qui fixe un minimum de 20 % de bio et 50 % de produits durables dans les cantines scolaires publiques. Avec son objectif de 100 % bio et de circuit ultra-local, la commune d’Alizay montre qu’elle veut aller plus loin et préparer l’avenir en construisant un modèle alimentaire plus résilient et plus proche de ses habitants.
Valorisation des biodéchets : le rôle central du lombricomposteur
Parmi les solutions déjà déployées, la commune a choisi d’installer un lombricomposteur collectif à flux continu (innovation Veragrow). Les biodéchets de la cantine sont ainsi valorisés localement, sans transport, et transformés en un amendement organique riche qui nourrit directement les sols de la future ferme municipale.

Ness, commerciale chez Veragrow, explique : « Quand la commune d’Alizay nous a contactés, on a tout de suite vu du sens dans ce projet. Un lombricomposteur sur place, zéro transport, un retour direct à la terre. L’écologie locale, ça ressemble à ça. »
Les avantages du lombricompostage sont multiples :
- Réduction rapide des déchets : valorisation directe sur place, limitant les coûts et émissions liés au transport.
- Production d’un fertilisant naturel : idéal pour améliorer la qualité des sols et stimuler les cultures.
- Démarche circulaire et locale : les biodéchets des enfants deviennent une ressource pour nourrir leurs propres repas.
Selon l’ADEME, le compostage et le lombricompostage permettent de réduire jusqu’à 1/3 du poids des ordures ménagères, tout en restituant à la terre des éléments nutritifs essentiels.
à flux continu
- Valoriser les biodéchets en continu
- Soutenir une économie circulaire
- Produire un engrais riche
Alizay, un exemple à suivre
Avec son engagement fort, Alizay montre qu’il est possible de concilier écologie, économie et équité pour tous. Son modèle, basé sur le bio accessible, le circuit court et la valorisation locale des biodéchets, constitue une inspiration pour d’autres communes souhaitant amorcer une transition durable.
Grâce à des solutions innovantes comme les lombricompposteurs à flux continu, l’écologie devient concrète, locale et accessible à tous. Alizay prouve qu’une petite commune peut être à l’avant-garde de la transition écologique.